FESTIVAL PANAFRICAIN DE MUSIQUE

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12e édition

A la leçon inaugurale, le professeur Destiny Tchehouali appelle à une souveraineté culturelle à l’ère numérique

C’est par une leçon inaugurale dense, percutante et visionnaire que le professeur Destiny Tchehouali, expert en communication internationale et en politiques culturelles, a jeté les dés d’une rencontre de réflexion à l’ouverture officielle du  Symposium international de la 12e édition du Festival Panafricain de Musique (FESPAM), le 21 juillet, au Palais des Congrès de Brazzaville. Un appel vibrant à la préservation et à la valorisation des musiques africaines dans un écosystème numérique mondialisé.

« Nous avons l’impression que la musique africaine est plus que jamais présente dans le monde grâce au numérique. Mais la vraie question est : qui en profite vraiment ? » a interpellé Destiny Tchehouali. L’universitaire a dénoncé le déséquilibre profond entre la visibilité croissante des musiques africaines et les maigres retombées économiques pour leurs auteurs. Dans un marché dominé par les algorithmes de plateformes étrangères, « seulement 1 % des artistes génèrent près de 90 % des revenus du streaming mondial », a-t-il rappelé.

Le cas de la rumba congolaise, qui cumule des centaines de millions de vues sur YouTube, est emblématique. Pourtant, les artistes africains ne bénéficient pas de la monétisation à hauteur de leur popularité, en raison de l’absence d’accords spécifiques dans la majorité des pays subsahariens. « Un artiste ivoirien avec 10 millions de vues n’a touché que 971 euros. En France, il aurait gagné cinq fois plus », a souligné Tchehouali.

L’urgence d’une découvrabilité équitable

Au cœur de son propos, un concept central : la découvrabilité. « Ce n’est pas être visible auprès de ceux qui vous connaissent déjà. C’est apparaître spontanément à ceux qui ne vous cherchent pas », a-t-il expliqué. Or, les algorithmes ne recommandent pas suffisamment les musiques africaines ou les artistes émergents du continent. « Un utilisateur qui veut écouter de la rumba congolaise sur Deezer se verra proposer mille fois David Guetta. Ce n’est pas de la diversité, c’est une discrimination technologique », a-t-il dénoncé.

Vers une souveraineté culturelle numérique

Pour le professeur Tchehouali, la solution réside dans la régulation. Il a salué l’exemple du Québec qui a récemment adopté une loi sur la découvrabilité des contenus francophones. « Il est temps que les États africains imposent des règles pour protéger leur patrimoine musical dans l’espace numérique. C’est une question de souveraineté culturelle, mais aussi une urgence économique et identitaire. »

Clôturant son intervention sur une note d’espoir, Tchehouali a affirmé : « L’Afrique a chanté le monde. Il est temps que le monde écoute l’Afrique avec respect, équité et passion. » Il a appelé artistes, producteurs, gouvernements et plateformes à bâtir ensemble un écosystème numérique plus juste, où la musique africaine pourra pleinement rayonner et prospérer. « Nos musiques ne sont pas des catégories marginales. Elles sont le cœur battant de l’humanité. »

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